Dre Alisa Grigorovich – agente de changement
La technologie pour le bien des soins et des systèmes de santé
Alors qu’elle étudiait pour l’obtention de son premier baccalauréat, la Dre Alisa Grigorovich était assistante de recherche dans une unité de neurologie clinique. C’est là qu’elle s’est intéressée aux expériences de soins des personnes âgées ayant des incapacités complexes et à leurs soignants.
En témoignant ainsi des problèmes quotidiens auxquels ces gens font face pour obtenir les soins dont ils ont grand besoin, elle a décidé de changer d’orientation durant ses études supérieures et de se consacrer au vieillissement et aux services de santé, ainsi qu’à la recherche stratégique.
Plus récemment, son expérience de travail au sein d’AGE-WELL, réseau canadien de recherche sur la technologie et le vieillissement, a suscité un nouvel intérêt envers le potentiel qu’ont l’intelligence artificielle et d’autres technologies pour améliorer l’évaluation, la détection ou la prédiction de la violence dans les hôpitaux et les centres de soins de longue durée. Par exemple, il pourrait s’agir de combiner l’utilisation de caméras vidéo avec l’intelligence artificielle pour détecter automatiquement les signes d’agressivité dans les expressions ou les mouvements des personnes. Il n’est pas rare qu’un patient, en particulier s’il est atteint de démence, affiche un comportement agressif et parfois violent envers une personne qui en prend soin ou un autre résident.
Les travaux de recherche de la Dre Grigorovich sont interdisciplinaires. L’un de leurs principaux axes consiste à examiner l’incidence possible de ces technologies sur les personnes âgées marginalisées, en particulier celles atteintes de démence, ainsi que sur leur famille et leurs soignants.
L’impact potentiel des travaux de la Dre Grigorovich est considérable.
Le mouvement en faveur du recours à l’intelligence artificielle et à des technologies de surveillance pour prévenir la violence est relativement récent. Il y a d’importantes lacunes dans les connaissances sur les expériences et les besoins des principaux intéressés (c.-à-d. les personnes âgées, les membres de leur famille et les soignants).
La mise en place des technologies de surveillance dans les soins de santé est susceptible de transformer fondamentalement la prestation des soins et les expériences entourant ceux-ci. Cependant, afin de voir à ce que cette transformation soit éthique et juste, il faudra disposer d’un ensemble de données factuelles critique et interdisciplinaire et compter sur la participation de ceux qui reçoivent les soins de même que de ceux qui les prodiguent.
La contribution globale des travaux de la Dre Grigorovich vise l’intégration des divers points de vue de ces parties prenantes avec une analyse éthique et stratégique pour la formulation de recommandations sur la manière d’atténuer les perturbations et les préjudices possibles qu’entraîne la mise en place des technologies de surveillance dans les soins de santé.
Par ailleurs, la Dre Grigorovich cherche aussi à comprendre les valeurs sociales qui sous-tendent les politiques et les pratiques actuelles relativement à l’utilisation des technologies de surveillance dans les soins de santé. Elle espère également que, grâce à ses travaux, les professionnels de la santé et les responsables des politiques comprendront mieux les divers facteurs qui favorisent ou restreignent le recours éthique et juste aux technologies de surveillance comme moyen de prévenir l’intensification de la violence dans les milieux de soins.
Son but ultime : améliorer l’équité en santé et la qualité des soins pour les personnes âgées et leur famille.
« Grâce au financement des IRSC, j’ai pu élargir la portée de mes travaux sur le vieillissement et les soins et m’intéresser aux technologies de surveillance et à la prévention de la violence. En particulier, la BISS m’a permis de réaliser ces travaux dans un organisme de soins, garantissant ainsi que mes recherches auront une utilité et une incidence réelles sur l’évolution des systèmes de santé. »
Les résultats de ses recherches serviront à l’élaboration de lignes directrices et de politiques sur l’utilisation éthique et juste des technologies de surveillance dans le domaine de la santé, de manière à améliorer les soins sans contribuer à l’iniquité ou à la discrimination.
Récemment, on s’intéresse beaucoup à la manière de faire preuve de responsabilité sur le plan de l’innovation en intelligence artificielle et de la mise en place de celle-ci dans le domaine des soins afin qu’elle profite aux gens et aux systèmes de santé.
Un intérêt envers une réforme structurelle et une consultation publique sur les risques et les bienfaits de l’intelligence artificielle découle de cette sensibilisation accrue. La consultation actuelle du Commissariat à la protection de la vie privée du Canada sur les propositions de réforme de la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques représente un exemple notable à cet égard.
Quoi que l’avenir réserve, la Dre Grigorovich a très hâte de voir l’évolution des technologies de surveillance dans le domaine de la santé et les types de gouvernance qui seront conçus pour orienter le recours à ces technologies et à l’intelligence artificielle dans les soins au Canada.
Lien connexe
- Article du Gerontologist : Towards Responsible Implementation of Monitoring Technologies in Institutional Care (en anglais seulement)
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