COVID-19
Sensibiliser, mobiliser et outiller : des repères pour la population face à l’infodémie et à la COVID-19
Ces temps-ci, on peut facilement se sentir dépassé par la quantité phénoménale de nouvelles, d’opinions et de discussions sur la COVID-19. Si l’ampleur et la rapidité de la pandémie sont étourdissantes, l’instantanéité et la propagation de l’information pourraient bien être pires, surtout avec la place importante que prend la mésinformation.
Les experts nomment le phénomène « infodémie », un terme évoquant l’idée que la surabondance d’information sur un problème en entrave la résolution. La COVID-19 pourrait bien faire cas de figure, puisqu’elle s’accompagne d’un déluge d’information de véracité variable qui peut influencer les choix en matière de santé ou les comportements, voire la confiance de la population envers les autorités de santé publique. Et tous ces facteurs risquent de se répercuter sur la réponse des gens et des communautés à la pandémie.
Le fait que chacun vit cette surabondance d’information différemment complique les choses. L’exposition d’une personne au phénomène, ou plutôt à une partie du phénomène, pourrait varier grandement en fonction de facteurs personnels.
« Il existe de nombreux facteurs (sources d’information utilisées et accessibles, utilisation de l’information) qui dépendent largement de l’âge, de l’identité de genre, du statut socioéconomique ou des origines ethniques et culturelles, explique la Dre Jeanna Parsons Leigh, sociologue médicale à l’Université Dalhousie (en anglais seulement). C’est exactement ce sur quoi nous devons nous pencher pour avoir un portrait clair de l’accès aux renseignements sur la COVID-19, de leur interprétation par la population et de l’utilisation qui en est faite. »
Afin de dresser ce portrait, la Dre Parsons Leigh mène un nouveau projet de recherche visant à déterminer les niveaux de connaissances et de compréhension de la population canadienne à l’égard de la COVID-19. Il n’existe pas de solution miracle pour contrer la mésinformation (ou la peur et la stigmatisation qu’elle peut engendrer), mais cette démarche commence par l’étude des sources d’information consultées et des réactions qu’elles suscitent dans la population.
« Nous aurons l’occasion de vérifier l’information et de corriger le tir au fur et à mesure, explique la sociologue. Si notre étude montre que la population comprend mal les messages de santé publique ou que certaines sources l’induisent en erreur, nous pourrons remédier à la situation – rapidement, nous l’espérons – avec des campagnes d’information adaptées. »
Le projet comporte plusieurs volets. L’équipe a d’abord lancé une enquête publique nationale pour recueillir les points de vue de la population d’un océan à l’autre. Les résultats obtenus devraient rendre compte de l’ampleur et de la nature des lacunes dans les connaissances, puis des questionnaires de suivi ciblé et des groupes de discussion permettront un examen approfondi des perceptions publiques et le suivi de leur évolution. À partir de ces données, l’équipe multidisciplinaire de la Dre Parsons Leigh élaborera une campagne nationale d’« application des connaissances », qui présentera les lacunes recensées dans les connaissances ainsi que des stratégies factuelles pour rétablir les faits. À l’heure actuelle, le concept prévoit l’utilisation de vidéos et d’autres outils pour appuyer les messages clés de la campagne et faciliter l’utilisation des ressources par les autorités de santé publique et les groupes communautaires dans leurs interventions locales contre la COVID-19. En outre, la campagne inclura des outils adaptables aux besoins spécifiques des régions et des populations (p. ex. ressources sur un sujet de mésinformation populaire au sein de certains groupes), et l’ensemble des ressources seront traduites dans les cinq langues les plus parlées au Canada afin qu’elles puissent être diffusées et mises à la disposition du public.
« Toute cette recherche vise à créer un bassin de connaissances et de mesures potentielles auquel on peut se fier », justifie la Dre Parsons Leigh, qui rappelle l’importance d’utiliser des données propres à la population canadienne plutôt que l’approche de sensibilisation d’un autre pays dans l’espoir d’un succès égal. « Si nous ne connaissons pas l’état de la situation, des gens seront oubliés. Nous voulons que chacun ait accès aux outils dont il a besoin pour se sentir soutenu et prendre avec confiance ses décisions relatives à la COVID-19, mais il est certain que nous ne pouvons pas tenter de régler un problème sans savoir où il sévit. »
Le but ultime de l’équipe est de sensibiliser, de mobiliser et d’outiller l’ensemble de la population canadienne pour qu’elle s’unisse dans la lutte contre la pandémie de COVID-19 – et l’infodémie. Un principe directeur du projet est d’ailleurs que l’étude soit réalisée au profit de la population et en collaboration avec elle. C’est pourquoi l’équipe de recherche compte plusieurs membres du grand public, qui codirigent chaque phase du projet. Ces partenaires issus de la population participeront à la conception de l’enquête et de la documentation utilisée par les groupes de discussion. Ils aideront à veiller à ce que les résultats utilisés dans la campagne nationale soient faciles à comprendre.
« Nous voulons que la campagne parle aux gens, explique la Dre Parsons Leigh, et que l’information fournie s’applique à leur situation actuelle. L’idée est de bien accrocher les citoyens canadiens pour contribuer à renforcer les interventions en santé publique partout au pays. »
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