COVID-19
Laboratoire miniature : des tests portatifs abordables pour diagnostiquer la COVID-19
Depuis que circule la COVID-19 (la maladie causée par le SRAS-CoV-2), les besoins en tests diagnostiques fiables font la manchette. La méthode à privilégier pour ce type d’analyse, l’amplification en chaîne par polymérase (PCR), requiert de l’équipement spécialisé et des techniciens en laboratoire qui savent s’en servir. La dépendance à la PCR a inévitablement allongé les délais avec l’explosion du nombre de tests à effectuer. Plus encore, elle a amplifié les disparités liées à la capacité de dépistage des régions rurales, éloignées ou en développement, qui ont un accès restreint aux laboratoires.
C’est justement pour accroître la capacité de dépistage que le Dr Keith Pardee, biologiste de synthèse à l’Université de Toronto (en anglais seulement), a conçu un laboratoire miniature, ou « lab-in-a-box », une trousse de diagnostic portative. Il s’agit d’un concept sur lequel il travaille depuis des années – et qu’il a pu mettre à l’essai durant la crise du Zika. Avec des partenaires au Brésil, en Équateur et en Colombie, le Dr Pardee et son équipe ont utilisé la technologie du laboratoire miniature pour diagnostiquer le Zika de façon rapide et efficace, et ce, à une fraction du prix des tests par PCR habituels.
En soi, la trousse de diagnostic semble tout droit sortie d’un roman de science-fiction : une plateforme d’analyse biomoléculaire lyophilisée renferme un circuit génétique qui détecte la présence d’un virus précis, avant d’imprimer quelques heures plus tard un rapport de résultats faciles à interpréter. La cerise sur le gâteau? Nul besoin d’un technicien hautement qualifié pour effectuer le test. Le personnel de soins de santé prélève l’échantillon chez le patient et le place dans une plaque multipuits (largement accessible) pour l’analyse par un dispositif électronique de la taille d’un grille-pain.
Bien que le virus Zika soit très différent du SRAS-CoV-2, le principe de la trousse reste inchangé. L’équipe doit simplement reconfigurer les capteurs pour qu’ils détectent un autre virus. « On change un élément de la plateforme, explique le Dr Pardee, puis elle lit le génome de l’agent pathogène ciblé comme un code à barres. »
Le principal défi reste de trouver les bons capteurs de diagnostic pour garantir qu’ils détectent le SRAS-CoV-2 – et seulement ce dernier, pour éviter les faux positifs. Selon le Dr Pardee, le travail avance bien jusqu’à maintenant. D’après les résultats obtenus, la sensibilité des capteurs est suffisante pour en faire une évaluation comparative avec la méthode de référence par PCR. Il reviendra ensuite aux autorités réglementaires d’approuver ou non l’usage à grande échelle du laboratoire miniature.
La simplicité de la trousse la rend particulièrement intéressante pour l’usage dans les pays à revenu faible ou intermédiaire et dans les collectivités rurales ou éloignées du Canada, d’autant plus que chaque trousse permet de réaliser 14 000 tests diagnostiques. « L’idée est d’outiller les gens qui en ont besoin, résume le Dr Pardee. Nous voulons être en mesure d’envoyer le laboratoire miniature partout au Canada et à l’étranger pour accroître considérablement la capacité de dépistage. »
Une fois l’approbation réglementaire obtenue, le Dr Pardee et son équipe comptent sortir leur produit du laboratoire, en augmenter la production et le distribuer à grande échelle. La mise en œuvre de cette entreprise s’accompagne d’obstacles s’éloignant sensiblement de la mise au point de tests diagnostiques en laboratoire; c’est pourquoi, à la fin avril 2020, l’équipe étudiait ses options pour former un organisme à but non lucratif et répondre à la demande.
D’un point de vue externe, toutes les pièces du casse-tête semblent s’assembler à une vitesse impressionnante, mais le Dr Pardee estime que le soutien des IRSC et du Centre de recherches pour le développement international (CRDI) a donné une longueur d’avance à son équipe. « Notre laboratoire miniature illustre à merveille la nécessité du financement de la recherche à long terme entre les crises pour rendre possibles les adaptations technologiques face aux inconnus imprévisibles, assure-t-il. Le soutien reçu des IRSC et du CRDI en lien avec le Zika, et maintenant le SRAS-CoV-2, nous a permis de répondre rapidement à la pandémie actuelle. Tout compte fait, c’est ce qui permettra d’accroître la capacité de diagnostic au pays et à l’étranger. »
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