COVID-19
Une bouffée d’air frais : le rôle des systèmes de ventilation dans la circulation de la COVID-19
D’après les connaissances actuelles, le SRAS-CoV-2, virus responsable de la COVID-19, se transmet habituellement d’une personne à une autre par l’entremise de gouttelettes. Ces dernières sont expulsées par la personne infectée quand elle tousse, éternue ou parle, d’où la nécessité des mesures d’éloignement physique (pour éviter les contacts étroits), du lavage des mains fréquent et des directives de santé publique en matière de nettoyage et désinfection des surfaces d’usage courant.
Aux yeux de la Dre Lexuan Zhong, professeure adjointe au Département de génie mécanique de l’Université de l’Alberta (en anglais seulement), les discussions sur les efforts collectifs visant à freiner la propagation du virus omettent un aspect important : la transmission par voie aérienne.
La transmission par voie aérienne signifie que des microparticules pourraient, en théorie, circuler par les systèmes de chauffage, de ventilation et de climatisation (CVC). Personne ne connaît encore la distance que peut parcourir le SRAS-CoV-2 de cette façon, ni le degré d’infectiosité de ces microparticules, et c’est exactement ce que la Dre Zhong et son équipe souhaitent découvrir.
« Techniquement, l’étude nous permettra de mieux comprendre les liens complexes entre la ventilation, la pression, la circulation de l’air, l’humidité, les noyaux de condensation, les filtres, les purificateurs d’air et les mécanismes de la transmission du SRAS-CoV-2 par voie aérienne, explique-t-elle. En termes simples, nous étudions les déplacements du virus dans les systèmes de ventilation et les façons de concevoir ou d’adapter ces systèmes pour neutraliser la propagation du virus. Bref, nous voulons savoir si les systèmes de ventilation bloquent la transmission par voie aérienne ou s’ils la favorisent. »
S’il est inquiétant qu’il soit possible que les systèmes de CVC favorisent la transmission par voie aérienne dans les immeubles en copropriétés, les tours de bureaux, les centres commerciaux et les écoles, la Dre Zhong précise que le risque demeure généralement faible. Mais au vu d’une publication récente sur la contribution de l’angle et de la puissance d’un climatiseur à la propagation du virus (en anglais seulement) dans un restaurant en Chine, le besoin se fait sentir de mener des projets comme celui de la Dre Zhong pour obtenir les données essentielles qui permettront de passer d’un « risque faible » à un « risque nul » ou presque.
Ce type de recherche exige la collaboration d’experts de différents domaines, comme les sciences médicales et le génie; la Dre Zhong a donc mis sur pied une équipe multidisciplinaire. « Endiguer la propagation de la COVID-19 est un processus extrêmement complexe qui requiert des efforts mondiaux sous différents angles », prévient-elle, ajoutant du coup que le projet tirera parti des forces de chaque membre de l’équipe. Plus précisément, le travail consistera : 1) à réaliser une revue systématique des publications sur la circulation de l’air et les virus (c.-à-d., rassembler les données probantes disponibles); 2) à élaborer une stratégie efficace pour réduire ou éliminer le risque de transmission par voie aérienne par l’entremise des systèmes de CVC; 3) à mettre à l’essai cette stratégie dans les bâtiments du campus de l’Université de l’Alberta à Edmonton. Le but ultime est l’élaboration de lignes directrices pour permettre une utilisation sûre des systèmes de CVC, que ce soit en adoptant de nouveaux modèles, en modifiant les modèles existants ou en adaptant les travaux d’entretien.
« Ce travail pourrait avoir des retombées pour des millions de personnes qui vivent ou travaillent dans des structures à taux d’occupation élevé, se réjouit la Dre Zhong. La propagation des infections transmissibles par voie aérienne dans ce type d’espaces fermés peut rapidement avoir de lourdes conséquences. Les interventions non pharmaceutiques, comme celles liées aux systèmes de ventilation dans les immeubles, pourraient s’avérer déterminantes pour contenir la pandémie actuelle… ou atténuer les éclosions futures. »
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