Célébrer la diversité et favoriser l’inclusion pour améliorer la santé des jeunes 2ELGBTQI+
Nos expériences de jeunesse ont souvent de profondes répercussions sur notre développement à l'adolescence et à l'âge adulte. Mais comment les expériences vécues durant l'enfance et l'adolescence affectent-elles la santé physique et mentale, et comment peut-on contrecarrer ces expériences négatives pour améliorer notre bien-être général?
Ce sont les questions qu'explorent la Dre Elizabeth Saewyc, directrice administrative du Stigma and Resilience Among Vulnerable Youth Centre (SARAVYC), et son équipe de recherche, avec une attention particulière aux expériences des jeunes 2ELGBTQI+ (personnes deux-esprits, lesbiennes, gaies, bisexuelles, transgenres, queers, intersexuels, plus).
« Au fil des ans, nous avons vu — au Canada comme à l’étranger — que les jeunes de minorités sexuelles et de diverses identités de genre vivent davantage de rejet, d’intimidation, de discrimination et de stigmatisation [que les jeunes cisgenres et hétérosexuels] », explique la Dre Saewyc.
Ses recherches ont démontré que cette discrimination et cette stigmatisation pouvaient mener à des problèmes de santé. Les jeunes de minorités sexuelles et de diverses identités de genre sont non seulement confrontés à des taux plus élevés de stress, de dépression et de pensées suicidaires, mais ils courent aussi un plus grand risque d'avoir des relations sexuelles non désirées, de vivre des grossesses précoces et de consommer des psychotropes pour composer avec la réalité.
« Ces problèmes sont étroitement liés à la stigmatisation, à la discrimination et aux traumatismes auxquels les jeunes LGBTQ2 sont confrontés », indique la Dre Saewyc.
« Notre recherche vise à comprendre les répercussions de la stigmatisation, de la discrimination et de la violence sur la santé et le bien-être des personnes, mais surtout, à déterminer les facteurs de protection pouvant réellement jouer un rôle en dépit de la stigmatisation et la discrimination. Nous voulons ensuite partager ces renseignements avec les jeunes, les familles, les écoles et les collectivités de l'ensemble du Canada — au moyen de ressources en ligne, de matériel éducatif, de vidéos et plus encore — afin que nous puissions aider à surmonter cette stigmatisation et créer des environnements de soutien pour les enfants 2ELGBTQI+ », explique la chercheuse.
Améliorer la santé et le bien-être des jeunes 2ELGBTQI+
Il est essentiel de favoriser ces environnements de soutien car, comme l'explique la Dre Saewyc, le fait de disposer d'un solide réseau de soutien social (composés notamment de membres de la famille, d'amis, de camarades de classe et d'enseignants) est un facteur important qui contribue à la santé et au bien-être des jeunes. Il a été démontré que lorsque les jeunes ressentent le soutien de leur famille ainsi qu'un sentiment d'appartenance à l'école, ils seront plus susceptibles de jouir d'une bonne santé mentale et moins portés à adopter des comportements à risque.
Or, de nombreux jeunes 2ELGBTQI+ ne bénéficient pas de ces réseaux de soutien. « Nous observons que [les jeunes 2ELGBTQI+] reçoivent moins le soutien de leur famille, se sentent moins en sécurité à l'école, éprouvent un sentiment d'appartenance plus faible à leur établissement scolaire ou ont l'impression que les enseignants et les autres se préoccupent moins d'eux. En plus d'être néfaste à leur santé mentale, cela fera aussi en sorte qu'ils seront moins enclins à chercher de l'information ou des ressources pour améliorer leur santé physique et sexuelle », affirme Elizabeth Saewyc.
Dans les dernières années, on a observé des tendances positives et des améliorations dans la manière dont les jeunes 2ELGBTQI+ sont traités au Canada. D'autres données montrent que ce progrès a été quelque peu entravé. En Colombie-Britannique, par exemple, Dre Saewyc et son équipe ont noté une hausse du harcèlement sexuel et du racisme depuis 2018, comparativement aux cinq à dix années précédentes. « Nous croyons que cela pourrait être notamment dû aux changements dans l'environnement politique des autres pays, qui ont aussi une incidence au Canada. »
C'est pourquoi les recherches de la Dre Saewyc traversent les frontières. En plus d'avoir été cité par la Commission canadienne des droits de la personne et dans des tribunaux en Colombie-Britannique et en Alberta pour influencer des politiques et des décisions judiciaires, son travail contribue aussi à l'avancement du savoir aux États-Unis, en Nouvelle-Zélande et dans des pays européens. Grâce à sa collaboration avec des partenaires internationaux diversifiés, l'équipe de la Dre Saewyc étudie les politiques, les pratiques et les interventions en place dans d'autres pays – notamment pour comprendre comment elles pourraient être appliquées dans le contexte du Canada.
Accent sur les familles
En plus de leurs ressources et de leur matériel éducatif fondés sur des données probantes, la Dre Saewyc et son équipe envisagent de mettre au point de nouveaux outils pour aider les parents et les familles des jeunes 2ELGBTQI+ à offrir à leurs enfants le soutien nécessaire.
« Bien que beaucoup de travail ait été fait dans les écoles pour favoriser un fort sentiment d’appartenance et faire en sorte que les jeunes soient plus en sécurité, il y a peu d’interventions pour aider les familles à mieux soutenir leurs enfants queers et trans. De nombreux parents nous disent qu’ils souhaitent devenir de meilleurs alliés, mais qu’ils ne savent tout simplement pas comment faire », explique la chercheuse.
Pour remédier à cette situation, la Dre Saewyc et son équipe travaillent à mettre au point un programme interactif pour téléphone intelligent qui aiderait les parents de jeunes LGBTQ2 à accéder aux ressources dont ils ont besoin pour mieux soutenir leur enfant. L’équipe de la Dre Saewyc mène actuellement des entrevues avec des familles partout au pays pour déterminer les ressources qui auraient été utiles, particulièrement à l’étape du « coming-out » de leur enfant, dans l’objectif d’aider d’autres familles à créer un environnement plus ouvert et accueillant pour leur enfant.
« Nous savons que la solidité des réseaux de soutien familial et communautaire a une forte incidence sur la santé des jeunes queers et trans. Or, il ne s’agit pas d’une approche universelle. C’est pourquoi il est crucial de mener cette étude pour mieux comprendre les besoins des jeunes et de leurs familles, en particulier dans les groupes diversifiés », souligne Elizabeth Saewyc.
Reconnaissant que les familles d’origines, de cultures et de régions diverses pourraient avoir des besoins différents en ce qui a trait au soutien de leur enfant LGBTQ2, la Dre Saewyc souligne l’importance d’adopter une approche « rien sur nous sans nous » dans son travail. En collaborant avec des partenaires communautaires, des jeunes queers et trans, des parents et des familles, la chercheuse a espoir que le travail de son équipe aura une incidence dans la vie des jeunes LGBTQ2 de partout au pays.
« Ultimement, nous souhaitons créer des outils fondés sur les données pour venir en aide aux familles, qui pourront à leur tour aider leurs enfants queers et trans à vivre les plus heureux et les plus en santé possible. Par notre travail, nous voulons surtout que les jeunes LGBTQ2 sachent qu’ils sont aimés et qu’ils sont importants », déclare la Dre Saewyc.
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