Changer la donne : comment une scientifique canadienne prévoit se fonder sur un système de santé apprenant pour créer un modèle normalisé de soins dans le traitement de la santé mentale des jeunes en Colombie-Britannique
On dit qu'il n'est jamais facile de grandir, mais pour toute une génération dont la jeunesse a été marquée par la pandémie, cet épisode peut changer une vie, rien de moins. Pour des jeunes de la Colombie-Britannique, dont beaucoup portaient déjà de lourds fardeaux, toutes les circonstances étaient réunies pour créer une tempête parfaite.
« Que ce soit en raison de la pandémie, des répercussions des changements climatiques ou de la crise persistante liée à la toxicité des drogues, les jeunes devaient composer avec de multiples facteurs intersectionnels, et ils avaient besoin d'en parler », a déclaré la Dre Skye Barbic (en anglais seulement), ergothérapeute agréée spécialisée en maladie mentale et professeure agrégée à la faculté de médecine de l'Université de la Colombie-Britannique (en anglais seulement), « Foundry leur a fourni l'endroit pour le faire. »
Des soins et des services facilement accessibles pour les jeunes de la C.-B.
Foundry (en anglais seulement) est un organisme de services intégrés pour les jeunes (SIJ) qui offre un soutien à ceux âgés de 12 à 24 ans, à leur famille et à leurs aidants. Fondé en 2015, le premier centre Foundry à Vancouver-Granville a été conçu comme un service d'intervention précoce pour les jeunes aux prises avec des problèmes de santé mentale. La Dre Barbic, scientifique en chef de Foundry, dit qu'ils ont rapidement réalisé que les jeunes de la Colombie-Britannique avaient besoin davantage d'aide.
« Nous avons constaté que des jeunes venaient simplement pour obtenir de l'information sur la promotion de la santé, alors que d'autres se présentaient avec de multiples diagnostics, des antécédents complexes de traumatismes, des problèmes de santé et de santé sexuelle, une éducation déficiente et des difficultés d'hébergement. Les gens ont rapidement trouvé en Foundry un endroit où ils pouvaient accéder à une gamme de services pour les jeunes. Notre objectif est de veiller à ce que personne ne soit laissé pour compte », ajoute la Dre Barbic.
En plus de son service virtuel provincial, Foundry compte maintenant 16 centres (en anglais seulement) en Colombie-Britannique et prévoit en ajouter 19 autres dans la province d'ici 2026. Cet organisme offre un soutien gratuit et confidentiel dans le cadre de soins de santé mentale, de services de consommation de substances psychoactives et de soins de santé physique et sexuelle pour les jeunes, de même qu'un soutien par les pairs à l'intention des jeunes et de leur famille, en plus de services sociaux. Le système de santé apprenant (SSA) de Foundry est un élément clé du succès qu'il connaît. En termes simples, son SSA comprend une équipe dévouée de chercheurs et de scientifiques qui travaillent avec les décisionnaires de Foundry, parmi lesquels on trouve des jeunes et des familles, pour tirer parti de la collecte de données et de la recherche intégrées afin de comprendre les forces, les points à améliorer et les priorités de l'organisme.
« Au fil des ans, grâce à nos recherches et à nos données, nous avons été en mesure de savoir qui se présente dans les centres de Foundry, comment nous pouvons répondre à leurs besoins, et comment nous pouvons concevoir conjointement des services pour répondre aux divers besoins des jeunes, explique la Dre Barbic. Au cours de nos sept premières années d'activité, cette information nous a aidés à repenser notre vision initiale, puis à nous demander : À quoi cela correspond-t-il dans une petite collectivité? À quoi cela correspond-t-il dans une grande collectivité très active ou au sein d'une collectivité rurale? À quoi cela correspond-t-il pour diverses populations et collectivités? »
Des innovations et des améliorations fondées sur les données probantes
Aujourd'hui, la Dre Barbic et son équipe étudient les façons dont ils peuvent s'appuyer sur ce SSA dans le cadre de leur projet de recherche intitulé Towards a Learning Health System to support an Integrated Youth Services Network in Canada (vers un système de santé apprenant pour soutenir un réseau de services intégrés pour les jeunes au Canada). Ce projet, financé par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), s'appuiera sur la recherche qualitative pour établir des normes qui pourront être appliquées dans les centres de SIJ, non seulement en Colombie-Britannique, mais partout au pays.
« Si vous vous présentez à l'urgence avec une fracture de la cheville, il existe une norme claire sur la façon de traiter ce type de blessure. Or, si un jeune, ou n'importe qui en général, se présente à la recherche de soutien en santé mentale ou pour un trouble de consommation de substances, il n'y a aucune norme de soins. Les façons de composer avec une telle situation sont extrêmement variables, explique la Dre Barbic. Si nous pouvons commencer à travailler de pair en tant que groupe de chercheurs et de prestataires de services à l'échelle du pays à un système de santé apprenant axé sur les besoins des jeunes et des familles, nous pourrons alors établir ces normes. Celles-ci favoriseront la responsabilisation des prestataires de services, permettront de présenter aux jeunes et à leur famille des données mesurables lorsqu'ils prennent des décisions de traitement, et feront évoluer les services de santé mentale pour les jeunes partout au Canada d'une façon que je n'ai jamais vue auparavant dans ma carrière. »
Elle affirme que l'investissement des IRSC dans l'étude et le SSA aura une incidence sur la santé des jeunes comme jamais auparavant. « Grâce aux IRSC, nous pouvons former une équipe de chercheurs et collaborer à l'échelle nationale, dans l'ensemble des provinces et des territoires. Je n'ai jamais vu d'organismes de santé collaborer de cette façon auparavant. C'est un privilège de faire partie de ce projet. »
L'objectif de la Dre Barbic consiste à favoriser l'établissement d'un système pancanadien normalisé au sein duquel la santé mentale est une priorité.
« Si nous pouvons faire une réelle différence par l'entremise de Foundry et des centres de SIJ à l'échelle du pays en ne demandant pas seulement aux jeunes "Qu'est-ce qui ne va pas?", mais également "Quels sont tes rêves?", "Quels sont tes objectifs?", "Quelles sont tes aspirations?", "Quels sont les obstacles qui t'en empêchent présentement?", c'est à ce moment-là que nous pourrons vraiment avoir un modèle de soins pour les jeunes axé sur leurs objectifs et leurs forces qui change la donne. »
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