Une équipe de spécialistes de la dépression chez les jeunes prouve que l’expertise en recherche s’observe à tous les stades de carrière
Lorsque Gray Liddell (en anglais seulement) a eu besoin du plan d’intervention CARIBOU (en anglais seulement) pour traiter une dépression à l’adolescence, il lui aurait été impossible de s’imaginer un jour au centre de son développement.
Quatre ans plus tard, à vingt ans, Gray est spécialiste de la mobilisation des jeunes au sein de l’équipe du Centre de toxicomanie et de santé mentale (CAMH), qui favorise l’expansion de ce plan d’intervention en Ontario et au Canada.
« Pouvoir offrir le service après l’avoir soi-même reçu offre une perspective tout à fait unique. CARIBOU occupe une grande partie de ma vie de différentes manières », déclare Gray.
« En tant que jeune qui a éprouvé des problèmes de santé mentale et qui a parcouru tout le chemin nécessaire pour demander de l’aide, je suis optimiste à l’égard de la recherche et des traitements de qualité qui sont financés et destinés aux adolescents. Même si les statistiques indiquent une augmentation des taux, j’estime que nous sommes sur la bonne voie pour être en mesure de mieux traiter les problèmes de santé mentale des adolescents. L’approche adoptée est plus favorable, et notre compréhension des problèmes, meilleure qu’avant. »
Développer CARIBOU pour l’avenir des jeunes Canadiens et Canadiennes
Gray travaille au sein d'une équipe dirigée par leDr Darren Courtney (page Web en anglais seulement), clinicien-chercheur et psychiatre du CAMH qui se spécialise dans les dépendances et les troubles concomitants chez les jeunes. À l'heure actuelle, le travail de l'équipe tourne principalement autour de deux projets de recherche axés sur la dépression chez les jeunes et le plan d'intervention CARIBOU-2 (la dernière version). Ces deux projets comptent sur l'appui de l'Institut des neurosciences, de la santé mentale et des toxicomanies des Instituts de recherche en santé du Canada (INSMT des IRSC), rendu possible grâce à la Subvention Catalyseur : Normes de services en santé mentale – enfants et jeunes.
« Lorsque j’ai commencé ma pratique autonome, j’ai constaté les nombreuses lacunes dans la littérature sur les méthodes de prestation de soins de qualité aux jeunes présentant divers problèmes de santé mentale », indique le Dr Courtney.
« Je crois qu’il est important de reconnaître l’existence du besoin, mais je veux également m’assurer de transmettre un message d’espoir. »
L’un des projets sur lesquels il travaille actuellement, CARIBOU Across Canada: Do mental health organizations have the need, fit and capacity to deliver an Integrate Care Pathway for the treatment of depression in adolescents?, évalue la viabilité d’offrir le plan d’intervention CARIBOU-2 de sept étapes dans d’autres provinces et territoires canadiens.
Le Dr Courtney et son équipe se sont appuyés sur les recommandations du National Institute for Health and Care Excellence (NICE) (en anglais seulement) du Royaume-Uni pour élaborer le plan d’intervention en cas de dépression. Après une étude pilote couronnée de succès, le plan d’intervention CARIBOU-2 est actuellement à l’étude dans le cadre d’un vaste essai contrôlé mené dans quatre organismes communautaires de santé mentale en Ontario.
« Le plan d’intervention est conçu pour faciliter la prestation de soins fondés sur des données probantes », explique le Dr Courtney.
« Maintenant, nous cherchons à établir s’il est possible d’apparier le plan d’intervention CARIBOU-2 avec des modèles de prestation de services d’autres provinces. »
La Dre Bahar Amani, une associée scientifique travaillant sur CARIBOU-2, assure la coordination entre des cochercheurs de la Colombie-Britannique, de l’Alberta et du Québec qui échangent avec des membres du personnel et des partenaires jeunesse de différents centres de santé mentale dans leurs provinces respectives.
« La prise en compte du point de vue des jeunes est un élément très important de notre travail et de celui du Dr Courtney », indique-t-elle.
« Nous devons être à l’écoute des jeunes pour connaître la meilleure façon de diffuser les mesures de recherche, le type de langage à utiliser et les moyens de simplifier les choses pour eux en fonction de leur mode de vie. Il importe d’aller à la rencontre des jeunes. »
Gray est du même avis : « Ils traversent une période déterminante de leur vie. L’adolescence, c’est difficile. Et demander de l’aide, c’est difficile en général. »
Quelle est l’importance de l’observance de la thérapie cognitivocomportementale (TCC)?
L’autre projet de l’équipe soutenu par l’INSMT des IRSC, Fidelity and Skill Use in Cognitive Behavioural Therapy [CBT] for Adolescents with Depression, traite de l’importance de l’observance (respect des normes ou processus définis) dans la prestation de la TCC, une composante clé du plan d’intervention CARIBOU-2.
« Un cochercheur de notre équipe a conclu que les traitements qu’un jeune dépressif reçoit varient énormément en fonction de l’organisme auquel il s’adresse », explique le Dr Courtney.
« Certains reçoivent un traitement s’apparentant à la TCC ou s’appuyant sur la TCC, tandis que d’autres reçoivent un traitement qui n’a rien à voir avec la TCC. Il est donc difficile d’assurer l’accès à des soins fondés sur des données probantes. »
« Les thérapeutes discutent beaucoup, d’une part, du degré de rigidité ou de souplesse avec lequel la TCC devrait être offerte, et d’autre part, de l’application ou non des principes de façon éclectique, parallèlement avec des concepts d’autres types de thérapie. En fin de compte, nous cherchons à savoir si les jeunes qui demandent de l’aide obtiennent les meilleurs soins possible. »
Ce projet comprendra des données recueillies auprès d’un sous-ensemble d’adolescents qui prennent part à un programme de TCC modulaire de 16 semaines, lequel s’inscrit dans le traitement reçu dans le cadre de l’essai CARIBOU-2.
« L’objectif d’élaborer et de mettre à l’essai des interventions qui seront adaptables dans les collectivités me plaît », souligne la Dre Amani.
« D’excellents traitements factuels offerts dans des hôpitaux spécialisés en santé mentale et en recherche retiennent beaucoup l’attention, mais ces traitements ne sont pas nécessairement accessibles, car de nombreux jeunes reçoivent des soins dans la communauté. C’est ce qui m’a réellement poussée à travailler avec cette équipe. »
Favoriser le changement
Le trio entrevoit avec optimisme l’avenir de la santé mentale des jeunes en Ontario, une source de motivation pour la Dre Amani et Gray, qui sont tous deux en début de carrière.
« Je souhaite travailler avec des enfants et des adolescents réfugiés, et ce travail contribue à établir un pont entre la recherche et les interventions fondées sur des données probantes dans les communautés », explique la Dre Amani.
« Offrir ces interventions dans les communautés nous aidera à veiller à ce que les jeunes réfugiés et nouveaux arrivants aient accès à des traitements efficaces et fondés sur des données probantes. »
Gray en est actuellement à sa deuxième année d’études au baccalauréat en sciences sociales à l’Université McMaster.
« Quatre ans se sont écoulés depuis que j’ai fait appel au CAMH pour recevoir des soins à l’adolescence. Aujourd’hui jeune adulte à l’université, je remarque que la stigmatisation s’est déjà atténuée. »
« Ma génération en particulier est plus ouverte à parler et a plus d’occasions de s’impliquer dans ces domaines. »
« Il y a tant de travail à faire pour la santé mentale des jeunes, et tellement d’occasions de repousser les frontières dans des projets de recherche comme celui-ci. Ces occasions sont pour moi une source de motivation quotidienne. »
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