Bilan de l’Atelier de fin de subvention sur les effets du vapotage sur la santé
Résumé du rapport d’atelier
Les 7 et 8 mars 2023, quatre instituts des IRSC (Institut du cancer, Institut de la santé circulatoire et respiratoire, Institut du développement et de la santé des enfants et adolescents et Institut des neurosciences, de la santé mentale et des toxicomanies), en partenariat avec la société canadienne du cancer, avec l’appui de Santé Canada, ont tenu un atelier visant à examiner les résultats des travaux des titulaires d’une subvention Catalyseur sur les effets du vapotage sur la santé. Ces subventions avaient vu le jour en 2020 en raison de préoccupations grandissantes quant au manque de connaissances sur les effets du vapotage sur la santé et la montée en flèche de cette pratique au Canada, particulièrement chez les jeunes.
En plus d’assister à la présentation des conclusions de recherche des équipes subventionnées, les participants, dont des spécialistes du domaine et des personnes ayant une expérience concrète du vapotage, ont pu échanger sur les besoins en données probantes qui demeurent et les futures priorités de recherche.
Remarque : Le vapotage est le terme courant utilisé pour désigner l’inhalation d’aérosols générés par des dispositifs sans combustion, comme les inhalateurs électroniques de nicotine (IEN). Ces dispositifs permettent de transformer en aérosol la nicotine, le cannabis ou d’autres agents actifs en suspension dans des liquides. À l’inverse, les cigarettes et les « joints » sont des méthodes d’acheminement de la nicotine et du cannabis aux poumons par combustion. Dans le présent rapport, le terme « vapotage » renvoie à l’inhalation d’aérosols générés par des dispositifs de vapotage ou des IEN.
Pour obtenir un exemplaire du présent document, écrivez à support-soutien@cihr-irsc.gc.ca.
Principales conclusions
-
Effets sur la santé
Les aérosols produits par les cigarettes électroniques et autres dispositifs de vapotage ont des effets importants sur plusieurs réponses physiologiques, qui se démarquent des effets de l’inhalation classique de tabac combustible à l’aide de cigarettes. Ces réponses variaient selon le sexe des individus, et ne seraient donc pas uniformes.
-
Mort cellulaire
L’exposition aux aérosols générés par le vapotage entraîne une augmentation de la mort cellulaire et un ralentissement de la réparation des lésions de l’épithélium des voies aériennes.
-
Réglementation
Les mesures réglementaires sont plus efficaces dans la prévention du vapotage chez les jeunes que les stratégies non réglementaires. Cependant, combiner un éventail de stratégies est plus efficace que n’importe quelle mesure appliquée individuellement.
-
Risque d’infection
La fumée et la vapeur de cannabis entraînent des changements à la fonction protectrice des cellules épithéliales, ce qui pourrait exacerber les effets d’une infection au H1N1.
-
Dommages à l’ARN
Les personnes qui inhalent des aérosols en vapotant connaissent des changements significatifs du transcriptome des cellules pulmonaires évoquant les changements observés dans des maladies pulmonaires chroniques. Ces changements pourraient indiquer précocement que l’utilisation à long terme de la cigarette électronique risque de mener à une maladie pulmonaire chronique (comme la cigarette conventionnelle).
-
Changements dans la fonction pulmonaire
Les perturbations des échanges gazeux sont monnaie courante chez les jeunes vapoteurs réguliers. Cela pourrait aussi signifier que le vapotage à long terme puisse causer de légères dysfonctions des voies respiratoires.
-
Réponses immunitaires
Les données indiquent que même une exposition à court terme à des aérosols de vapotage altère la fonction des cellules immunitaires dans le sang et dans les voies respiratoires.
-
Lacunes à combler dans les connaissances
Pendant la grossesse et après l’accouchement, les raisons les plus fréquentes du vapotage de cannabis sont le traitement de l’insomnie, de la dépression et de l’anxiété, des maux de tête, des migraines et du manque d’appétit. L’inhalation d’aérosols par vapotage est aussi choisie pour éviter des solutions pharmacologiques perçues comme plus nocives.
-
Mésinformation
Alors que l’inhalation de nicotine sous forme d’aérosols a d’abord été proposée et promue comme une stratégie de réduction des méfaits et d’abandon du tabagisme, la plupart des personnes qui utilisent des produits de vapotage ne fumaient pas de manière régulière ou n’avaient jamais fumé auparavant.
-
Risques de la double utilisation
La consommation concomitante de la cigarette électronique et de cigarettes est associée à une utilisation accrue des services de santé, quelle que soit la raison. Cela suggère que les aérosols de vapotage pourraient être un biomarqueur épidémiologique de morbidité en santé chez les adolescents et chez les jeunes adultes.
-
Dépendance
Le lieu du dernier achat de produits de vapotage, la durée (en jours) d’une fiole de liquide à vapoter et la fréquence de la consommation de nicotine lors du vapotage se sont révélés être les prédicteurs les plus importants d’une dépendance au vapotage parmi les consommateurs quotidiens.
-
Différences entre les sexes
Lors d’une étude sur la récompense et le sevrage associés à la nicotine, seuls les rats mâles adolescents et adultes ont présenté un sevrage significatif à la nicotine. Les femelles adolescentes et adultes présentaient des taux plus élevés de nicotine et de métabolites dans le cerveau et le plasma. Les données ont également révélé une diminution de la connectivité fonctionnelle et structurelle chez les rats exposés à la nicotine, en particulier chez les femelles.
-
Santé mentale
Le vapotage et l’inhalation d’aérosols entraînent un risque accru de troubles anxieux et de l’humeur chez les jeunes et contribuent à la crise de santé mentale qui prend de l’ampleur dans ce groupe d’âge.
-
Jeunes
Environ la moitié des ados et des jeunes adultes sondés ont déclaré ne jamais avoir reçu d’information sur la consommation sécuritaire du cannabis ou sur ses méfaits physiques et sociaux potentiels.
-
Politiques
Dans les provinces ayant entièrement restreint la vente de produits de vapotage contenant des concentrations de nicotine au-dessus de 20 mg/mL, on retrouve systématiquement les liquides à vapoter d’une telle concentration en une plus faible proportion tant dans les commerces en ligne que dans ceux ayant pignon sur rue.
Figure : Mettre en pratique les données probantes avec succès
Priorités de recherche
-
Méfaits de l’inhalation d’aérosols
- Déterminer la composition et la toxicologie des liquides de vapotage, mais aussi du dispositif dans son ensemble
- Quelles sont les conséquences environnementales de l’utilisation de dispositifs de vapotage (piles, dispositifs à usage unique, dispositifs réutilisables, etc.)?
- Quelles stratégies de prévention pourraient cibler les personnes qui pratiquent le vapotage pour réduire les méfaits dans le cadre de l’abandon du tabagisme?
- Comparer les attitudes sociales et les préjugés associés au vapotage avec ceux associés au tabagisme
- Employer des méthodes distinctes pour étudier le vapotage, car même si les données de recherche sur le tabac et le cannabis peuvent s’avérer utiles, la consommation de produits de vapotage se distingue de nombreuses façons
-
Mobilisation et expérience des personnes qui pratiquent le vapotage
- Déterminer pourquoi les gens vapotent
- Analyser les modes de consommation, y compris la polyconsommation et la consommation de substances psychoactives après l’abandon du vapotage
- Déterminer quelles sont les sources de produits et d’information sur les effets sur la santé utilisées ou disponibles
- Examiner la curiosité des jeunes à propos du vapotage de produits aérosols et des boutiques de vapotage
- Évaluer les différences entre les moments de la vie, notamment la jeunesse, l’âge adulte, la grossesse et la période post-partum
-
Collecte et normalisation des données
- Produire des données normalisées et des outils d’évaluation, notamment pour la catégorisation des produits de vapotage (substances actives, liquides porteurs et marques), la vitesse d’administration, les modes d’utilisation, la coexposition à d’autres substances psychoactives et la normalisation des questions de santé des populations à l’égard du vapotage.
- Encourager la collecte systématique de données complètes comprenant des indicateurs sur le comportement des utilisateurs, les déterminants sociaux et les problèmes de santé mentale.
- Adopter un cadre d’équité pour aider à déterminer les variations des effets sur la santé et des comportements d’utilisation dans différents groupes, tels que les communautés marginalisées et les jeunes vapoteurs.
-
Collaboration
- Décloisonner la recherche et les politiques, trouver des façons d’appliquer une approche globale et interdisciplinaire de production et de mobilisation des données probantes et former un groupe de travail national sur l’utilisation des produits de vapotage
- Encourager les gouvernements à assumer un plus grand leadership pour appuyer la réglementation, la normalisation et la disponibilité des dispositifs sur le marché
- Créer une plateforme de données normalisée par l’entremise d’une coalition de chercheurs et de responsables des politiques ainsi qu’une cohorte nationale sur le vapotage chez les jeunes afin de comprendre les effets à long terme sur la santé
-
Éducation et mobilisation des connaissances
- Éduquer et communiquer sur les effets néfastes pour la santé de l’inhalation d’aérosols avec des produits de vapotage en utilisant des données récentes.
- Favoriser l’éducation et l’accès à des données probantes appuyant la mobilisation des connaissances pour les alliés des jeunes comme les parents, les tuteurs, les professionnels de la santé, les enseignants et les entraîneurs.
- Concevoir des produits éducatifs accessibles et rédigés en termes simples pour faciliter leur compréhension, leur adoption et leur utilisation.
- Créer des occasions d’échange de connaissances (résultats de recherche) entre chercheurs.
- Créer des occasions d’échange de connaissances entre les jeunes et les personnes ayant une expérience concrète pour faire comprendre les enjeux, sensibiliser et réduire l’utilisation des produits de vapotage.
- Adapter les produits et les efforts d’échange de connaissances selon le public : recommandations cliniques pour les professionnels de la santé, campagnes sur les médias sociaux utilisés par différents groupes.
En savoir plus sur la façon dont le Canada soutient la recherche en santé
- Vidéo 1 : Les IRSC
- Vidéo 2 : Comment les IRSC choisissent-ils les projets qu’ils financent?
- Vidéo 3 : Qu’est-ce que la recherche en santé?
- Date de modification :