Changer les mentalités : que savons-nous vraiment sur les symptômes et les traitements de la périménopause?

Il y aurait environ 10 millions de personnes de plus de 40 ans au Canada en périménopause, une phase de 2 à 10 ans qui précède la ménopause à proprement parler, qui elle commence 12 mois après les dernières menstruations. De ces millions qui passent par cette phase naturelle, 40 % ont indiqué se sentir seules et 50 % sentent qu’elles manquent de préparation. Il y a de quoi s’alarmer!
« Au moins, on en parle maintenant », fait remarquer la Dre Jerilynn Prior de l’Université de la Colombie-Britannique. Cette chercheuse travaille depuis plus de 20 ans à mettre au clair le bagage de connaissances sur la périménopause et les traitements des symptômes qui y sont associés comme les sautes d’humeur, l’augmentation du flux menstruel, les maux de tête et, dans certains cas, les sueurs nocturnes et les bouffées de chaleur. « On met souvent la périménopause dans le même panier que la ménopause parce que les deux entraînent une baisse de la quantité d’œstrogènes, mais il faut vraiment séparer les deux », ajoute-t-elle.
Au cours de la périménopause, le nombre d’ovules dans les ovaires diminue, et la quantité d’œstrogènes oscille pour parfois atteindre des pics élevés sans avertissement. « Très peu de professionnels de la santé sont au courant de ces pics et des variations d’œstrogènes en périménopause, parfois encore plus élevés que chez la jeune fille de 20 ans la plus active sexuellement », explique la Dre Prior.
Les hormonothérapies généralement prescrites pour traiter les personnes ménopausées (œstrogènes et progestatifs) le sont aussi aux personnes en périménopause, même si aucune recherche n’en a démontré l’efficacité ou l’innocuité pour traiter les symptômes de la périménopause. Convaincue qu’il fallait un traitement propre à la périménopause pour les bouffées de chaleur et les sueurs nocturnes qui y sont associées, la Dre Prior a jeté son dévolu sur la progestérone, une hormone qui diminue pendant la périménopause.
De 2012 à 2017, elle a dirigé un essai contrôlé randomisé financé par les IRSC pour tester l’efficacité de la progestérone micronisée par voie orale pour réduire les symptômes de la périménopause. Les résultats principaux de cette étude (en anglais seulement) n’ont montré aucune différence entre les personnes qui prenaient de la progestérone et celles qui prenaient un placebo.
Cependant, d’après les résultats secondaires et le questionnaire qu’ont rempli les participantes à l’étude, la progestérone réduirait efficacement les effets perturbateurs de la périménopause. Les participantes sous progestérone ont perçu une diminution considérable de la quantité de sueurs nocturnes et de l’intensité des bouffées de chaleur diurnes et ont fait état d’un sommeil amélioré par rapport aux participantes sous placebo. Les chercheurs en santé et étudiants en médecine pourraient donc s’inspirer des conclusions de la Dre Prior pour s’informer sur la périménopause et les traitements possibles.
Désireuse d’appliquer la recherche à la pratique médicale, la Dre Prior a fondé le Centre for Menstrual Cycle and Ovulation Research (en anglais seulement) à l’Université de la Colombie-Britannique en 2002 où sont publiées des ressources pratiques (en anglais seulement) pour les patients, les fournisseurs de soins de santé et les chercheurs. La Dre Prior a connu son lot de difficultés dans sa mission de démystifier la périménopause par la science, et c’est alors vers la littérature qu’elle s’est tournée. Publié en 2005, son roman Estrogen’s Storm Season: Stories of Perimenopause raconte l’histoire de différentes femmes dans la quarantaine qui ont une vie bien remplie, mais doivent composer avec la périménopause. « J’ai écrit ce livre pour instruire, pour que les femmes ne se sentent pas seules dans ce genre de situation. Je voulais qu’elles sachent qu’il y a beaucoup de solutions possibles », conclut la Dre Prior.
En bref
L'enjeu
Au Canada, 4 personnes sur 10 éprouvent des symptômes de périménopause et de ménopause. Peu étudient la périménopause, et donc il n’existe pas beaucoup de recommandations pour les personnes qui en subissent les effets.
La recherche
Selon les recherches de la Dre Jerilynn Prior, la progestérone est un moyen facile et sécuritaire d’aider les femmes aux prises avec les grands symptômes de la périménopause.
- Date de modification :