Entretien éclair avec la direction scientifique : Dre Katherine (Kate) Frohlich

Aujourd’hui, nous avons discuté avec la Dre Katherine (Kate) Frohlich, directrice scientifique de l’Institut de la santé publique et des populations des IRSC, pour savoir quelles recherches percutantes sont issues des initiatives stratégiques des instituts.

IRSC : Quelle est la recherche dans votre domaine qui suscite les plus grandes retombées?

Dre Frohlich : Le Canada traverse une crise du logement. Au total, 9,4 millions de personnes vivent dans des logements qui ne répondent pas aux normes, qu’il s’agisse de logements inabordables, surpeuplés ou nécessitant des réparations importantes. De mauvaises conditions de logement peuvent avoir une incidence sur tous les aspects de la santé d’une personne, entraînant des maladies infectieuses comme la tuberculose, des problèmes de santé mentale, des chutes chez les personnes âgées et des expériences négatives durant l’enfance. Cette situation est encore plus préoccupante chez la population sans domicile.

Certaines des recherches les plus importantes que nous finançons avec nos partenaires portent sur une meilleure compréhension de la façon dont les facteurs structurels, comme les lois et les politiques, les structures de gouvernance, les déterminants écologiques et commerciaux, influent sur la santé des Canadiens, ainsi que sur ce que nous pouvons faire pour améliorer la situation.

IRSC : En quoi ces recherches permettent-elles de changer le cours des choses?

Dre Frohlich : Ces recherches fournissent les données probantes nécessaires pour orienter la politique sur le logement.

Par exemple, les recherches menées par la Dre Karine Perreault, titulaire d’une bourse d’impact sur le système de santé des IRSC, peuvent contribuer à la prise de décisions stratégiques. Ses conclusions préliminaires démontrent que consacrer plus de 30 % de son revenu au coût du logement, c’est-à-dire vivre dans un logement inabordable, représente 4,2 milliards de dollars qui ne peuvent circuler au sein de l’économie québécoise. Bien qu’il ne s’agisse pas d’un résultat direct sur la santé, cette pression économique a des répercussions sur le bien-être de la population et de l’économie.

Un autre domaine de recherche important porte sur le vieillissement chez soi. Avec l’appui de l’Initiative de recherche sur les villes en santé des IRSC, la Dre Paula Rochon étudie les communautés de retraite naturelle, ou les CRN. Les CRN sont des immeubles qui comprennent une forte concentration de personnes âgées. Elles permettent d’offrir des services sociaux et de santé sur place, aidant ainsi les personnes âgées à rester connectées et autonomes plus longtemps.

Pour ce qui est des personnes en situation d’itinérance, les recherches menées par le Dr Stephen Hwang ont démontré que loger rapidement les personnes dans des logements permanents tout en leur offrant des services de soutien intensifs et continus, par l’intermédiaire du programme « Logement d’abord », constitue une stratégie efficace. La mise sur pied de ce programme se traduit par une meilleure santé, une stabilité à long terme en matière de logement et une amélioration du bien-être de tous les membres de la communauté.

IRSC : C’est incroyable. Quel message souhaitez-vous véhiculer aux gens?

Dre Frohlich : Quand nous tenons compte de la santé de la population, le coût de l’absence de logements adéquats est énorme.

Nous devons voir le logement comme un investissement et non comme une dépense. Prenons l’exemple de plusieurs pays européens, notamment le Danemark et l’Autriche : leurs modèles montrent qu’il est rentable d’investir dans le logement social et communautaire. Si nous faisons de même au Canada, nous finirons par rembourser notre investissement initial dans l’amélioration de la santé.

Pour en savoir plus, consultez le site Web de l'nstitut de la santé publique et des populations des IRSC.

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