Mise au point d’une méthode pour prédire les naissances prématurées
22 juillet 2020
La grossesse est un processus complexe qui exige une délicate coordination entre les membranes fœtales qui entourent le bébé et les différentes parties de l’utérus, dont le myomètre, l’endomètre et le col utérin. Lors d’une grossesse en santé, les contractions utérines débutent vers la 40e semaine, les membranes se rompent, et le col utérin devient extrêmement souple puis se dilate pour permettre au bébé de naître.
Or, chaque année au Canada, environ 30 000 nourrissons (8 %) naissent prématurément, c’est-à-dire à moins de 37 semaines de gestation. Les enfants nés prématurément peuvent passer des mois aux soins intensifs néonataux et sont plus susceptibles de mourir ou de présenter des problèmes de santé à court et à long terme.
Au moins la moitié des naissances prématurées se produisent spontanément pour des raisons inconnues. Actuellement, il n’existe aucun moyen de repérer les femmes qui auront un accouchement prématuré, ni aucun traitement efficace pour les femmes qui présentent un risque élevé de naissance avant terme parce qu’elles ont déjà donné naissance à un ou plusieurs bébés prématurés.
L’une des clés permettant de comprendre les naissances prématurées est le col utérin. Celui-ci relie la partie principale de l’utérus au vagin et forme une barrière naturelle servant à protéger le fœtus contre le milieu externe qui lui est hostile. Cette barrière est essentielle pour que l’utérus reste fermé, afin de maintenir la grossesse et d’empêcher toute infection de remonter jusque dans l’utérus. La détection d’un col court par échographie est l’une des seules méthodes de dépistage liées aux naissances prématurées. Toutefois, seulement 27 % des femmes ayant un col court accouchent prématurément.
Afin de trouver une méthode pouvant prédire les naissances prématurées, la Dre Oksana Shynlova (Système de santé Sinai), qui a reçu une subvention Catalyseur de l’IDSEA des IRSC portant sur les naissances prématurées, se penche sur des questions cruciales relatives aux changements que subit le col utérin durant les naissances à terme et avant terme. Elle se sert aussi bien de modèles animaux que d’outils d’imagerie tels que l’imagerie par résonance magnétique (IRM) pour étudier le col utérin chez les femmes enceintes.
« Notre étude porte sur la raison pour laquelle le col utérin se dilate prématurément, en particulier le lien entre les changements structurels touchant le col et l’état de préparation à l’accouchement (à terme et avant terme). Nous émettons l’hypothèse qu’une infection bactérienne à l’intérieur de l’utérus ou du vagin entraîne des changements prématurés au col, ce qui cause le déclenchement du travail avant terme. Ces changements au col peuvent aussi se produire spontanément, sans qu’il y ait infection », explique la Dre Shynlova.
Étudier le col utérin représente un énorme défi, parce qu’il est difficile aussi bien de le visualiser que de choisir le bon moment pour les évaluations. Par conséquent, la structure cellulaire du col utérin et les changements qui se produisent durant l’accouchement, qu’il soit à terme ou avant terme, ne sont pas faciles à discerner.
Comme chez les humains, le col de la souris comporte deux régions différentes : la partie supérieure, proche de l’utérus, qui s’appelle endocol, et la partie inférieure, proche du vagin, qui s’appelle exocol. La Dre Shynlova et son étudiante de cycle supérieur, Antara Chatterjee, analysent les changements cellulaires qui surviennent dans le col utérin de souris qui accouchent à terme, avant terme à la suite d’une infection ou avant terme de façon spontanée.
Les recherches de la Dre Shynlova, qui font appel à une technique d’imagerie appelée micro-IRM chez la souris ainsi qu’à une analyse de l’expression génétique et de l’anatomie cellulaire du col utérin, ont abouti à deux découvertes importantes. La première est que la partie supérieure du col de la souris possède davantage de tissus musculaires que la partie inférieure, ce qui pourrait aider à garder le col fermé durant la gestation pour protéger le fœtus. La seconde découverte est que les cellules du col utérin, particulièrement celles de la partie supérieure, perdent de leur intégrité structurale en prévision du travail. Ensemble, ces découvertes donnent à penser que la partie supérieure du col est essentielle à la prévention des naissances prématurées, et que le moment où surviennent les changements à l’échelle cellulaire dans le col utérin est crucial pour ce qui est de prédire quand débutera le travail. Qui plus est, ces découvertes indiquent qu’un examen par IRM de la partie supérieure de l’utérus peut servir à prédire quand débutera le travail prématuré.
Motivée par ses découvertes chez les souris, la Dre Shynlova s’emploie actuellement à vérifier si un examen par IRM de la partie supérieure du col utérin chez les femmes enceintes en bonne santé et celles qui présentent un risque élevé peut prédire les accouchements prématurés.
« Cette intervention améliorera la surveillance des grossesses à risque et favorisera les recherches sur les options thérapeutiques visant à prévenir les naissances prématurées chez les femmes qui ont déjà eu un bébé avant terme, déclare la Dre Shynlova. Si notre hypothèse se confirme, cette innovation en matière de soins pour les femmes présentant un risque de naissance prématurée aura le pouvoir d’interrompre le cercle vicieux de la maladie. »
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