Déclaration de la Dre Charu Kaushic à l’occasion de la Journée mondiale du sida et de la Semaine autochtone de sensibilisation au sida
Un moment pour réfléchir et renouveler l’engagement
Le 1er décembre marque la Journée mondiale du sidaNote de bas de page 1, et du 1er au 7 décembre, c’est aussi cette année la Semaine autochtone de sensibilisation au sidaNote de bas de page 2, une occasion de parler du VIH/sida dans les communautés autochtones du Canada et de se renseigner sur le sujet.
Les traitements contre le VIH existent depuis 30 ans, des méthodes de prévention sont en place, et il est possible de vivre avec le VIH des dizaines d’années durant : il serait donc facile de supposer que le VIH ne pose plus problème au Canada.
Vous serez peut-être surpris d’apprendre qu’au Canada, 1 722 nouveaux cas de VIH ont été diagnostiqués en 2021. Et bien que le VIH puisse toucher n’importe qui, quels que soient l’âge, le sexe, le genre, l’orientation sexuelle ou l’appartenance ethnique, certains groupes clés de la population canadienne sont touchés de façon disproportionnée. On observe des résultats inéquitables même au sein des principaux groupes de la population, les communautés connaissant différentes répercussions de la stigmatisation, du racisme, de l’homophobie, de la transphobie, du sexisme et d’autres formes de discrimination et d’oppression systémique. Ces écarts entre les communautés se manifestent par des disparités régionales d’un bout à l’autre du pays. Par exemple, la Saskatchewan et le Manitoba affichaient les taux les plus élevés de nouveaux cas diagnostiquésNote de bas de page 3Note de bas de page 4Note de bas de page 5, soit plus de deux fois supérieurs à la moyenne nationale. De même, les Noirs constituent 3,5 % de la population canadienne, mais les femmes noires représentaient 42 % des nouveaux cas de VIH chez les femmes en 2019Note de bas de page 6.
La Journée mondiale du sida se déroule cette année sous le thème Confier le leadership aux communautés, lequel évoque que les rôles directeurs des communautés doivent être au centre de tous les plans et programmes de lutte contre le VIH et bénéficier d’un financement entier et fiable.
Aux IRSC, nous faisons notre part pour soutenir et financer des approches communautaires de la recherche par l’entremise du Programme de recherche communautaire, qui appuie la recherche, la mobilisation des connaissances et les initiatives de renforcement des capacités dans le domaine du VIH/sida depuis près de 20 années par des subventions Catalyseur et de fonctionnement. De plus, les centres de collaboration pour la recherche communautaire sur le VIH/sida fournissent un financement supplémentaire aux organismes communautaires admissibles.
Nous sommes heureux d’annoncer cette année le lancement prochain d’une nouvelle possibilité de financement de la recherche communautaire, soit les subventions d’équipe Recherche communautaire sur le VIH/sida et autres ITSS (infections transmissibles sexuellement et par le sang). En consacrant des classes de financement à chaque population clé touchée de façon disproportionnée par les ITSS ainsi qu’aux approches fondées sur les distinctions dans la recherche menée par les Autochtones (Premières Nations, Inuits et Métis), cette possibilité de financement a été conçue de manière à financer des partenariats communautaires plus diversifiés et à véritablement confier le leadership aux communautés. La possibilité de financement sera lancée cet hiver.
Dans le cadre de leur Initiative de recherche sur le VIH/sida et autres ITSS, les IRSC superviseront l’administration d’un financement annuel de 21 millions de dollars qui appuie directement les activités de recherche et de mobilisation des connaissances sur le VIH/sida et autres ITSS. Ils demeurent à la recherche de candidatures de membres de la communauté, de personnes ayant une expérience concrète du VIH/sida et autres ITSS et de chercheurs pour siéger au comité consultatif de l’Initiative. Si vous ou une personne de votre entourage souhaitez faire entendre la voix de votre communauté et participer à l’orientation du financement de la recherche au Canada, nous vous encourageons à soumettre votre candidature d’ici le 31 décembre 2023 pour être pris en compte dans le prochain cycle d’évaluation.
À l’occasion de la Journée mondiale du sida et de la Semaine autochtone de sensibilisation au sida, je vous invite à réfléchir aux progrès réalisés dans la lutte contre le VIH/sida, à rendre hommage aux personnes disparues et à réaffirmer l’engagement à l’égard de l’objectif mondial d’éradication du VIH/sida en tant que menace pour la santé publique. Nos communautés sont essentielles pour montrer la voie à suivre, et nous serons toujours présents à leurs côtés.
Avec espoir et solidarité,
Dre Charu Kaushic
Directrice scientifique
Institut des maladies infectieuses et immunitaires des IRSC
Pourquoi le leadership des communautés dans la recherche est-il essentiel pour éliminer le VIH?
« Les systèmes de connaissances traditionnels des Premières Nations, des Inuits et des Métis offrent une perspective précieuse, voire essentielle à la santé et au bien-être. C’est pourquoi les communautés autochtones des quatre coins du Canada tiennent un rôle de leadership pour favoriser la sensibilisation à la prévention des nouvelles infections au VIH et les connaissances à cet égard, venir en aide aux personnes touchées et s’employer à éliminer la stigmatisation et la discrimination entourant le VIH/sida. Nous nourrissons l’espoir que notre collaboration nous mènera à un monde exempt de VIH/sida. »
« Malgré les progrès considérables réalisés en matière de soins et de traitement du VIH au Canada, les femmes vivant avec le VIH font encore face à de nombreuses inégalités qui s’étendent jusqu’à la survie et à une espérance de vie beaucoup plus courte que celle des hommes. Cependant, ces tendances changent grâce au leadership, aux priorités et à l’expertise des femmes vivant avec le VIH. La recherche communautaire aide à orienter les travaux sur le VIH au Canada, à concevoir des programmes et des politiques qui réduisent les écarts entre les sexes dans les soins et à bâtir un avenir sain et prospère pour toutes les personnes vivant avec le VIH. »
« Dès le début de l’épidémie, au début des années 1980, les communautés de personnes ayant une expérience concrète du VIH/sida ont joué un rôle fondamental dans la création de mesures sociales, politiques et de santé publique judicieuses et efficaces pour lutter contre le VIH/sida. Elles ont ouvert la voie et créé un mouvement social mondial pour la santé qui continue de remettre en question et de transformer les mesures collectives de lutte contre la maladie, la souffrance et les inégalités, non seulement dans le contexte du VIH/sida, mais ailleurs aussi. Le leadership des communautés demeure essentiel pour s’assurer que des données adéquates et l’expérience concrète orientent la prise de décisions qui concernent les personnes vivant avec le VIH, ou susceptibles de le contracter. »
« La crise de toxicité des drogues et la hausse des taux de VIH chez les personnes qui consomment des drogues sont des problèmes de plus en plus urgents au Canada, qui touchent un nombre incalculable de personnes et leurs proches. Il est essentiel d’avoir des échanges constructifs et respectueux avec la communauté à l’égard de ces problèmes entrecroisés. Ces échanges permettent aux chercheurs d’obtenir des renseignements précieux, de favoriser la confiance et de concevoir des interventions fondées sur des données probantes, adaptées à la culture et véritablement efficaces. »
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